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mardi 21 avril 2020

Roger Rabbit a trois maisons...

Je m’appelle Roger Rabbit et je suis un lapin albinos. Il y a longtemps, très longtemps, j’habitais avec mes parents dans une caravane. Nous voyageâmes un été jusqu’à la mer. Mais un jour, un requin mangea mes parents et je restai seul. J’étais triste, très triste, de ne plus avoir de parents. 
Dans ma deuxième famille, il y avait une maman, un papa et une petite fille de deux ans. La petite fille s’appelait Jeanne, le papa Christophe et la maman Quitterie. Ma cage était posée dans le salon, à côté de la télévision. J’aimais beaucoup, beaucoup la télévision. Ce que je préférais, c’était voir Superman voler. Je me voyais en Superlapin. J’imaginais que moi aussi je pouvais voler ! La télévision, ça m’impressionnait. C’était tellement, tellement grand ! 
Jeanne me prenait pour un jouet, elle m’attrapait par les pattes, me lançait au plafond, où je m’écrasais à chaque fois. Un jour, j’ai même cru que j’allais me noyer dans l’aquarium. Il y avait là vingt, non, dix, non, cinq, non deux, non un poisson. Il s’appelait Martin Matin. Tous les matins, il faisait des tours de magie. Ce poisson trichait, il disait qu’il faisait de vrais, vrais tours de magie, mais en fait c’était du bidon. Il disait : « Rrrregardez, c’est extraorrrrrdinairrrrre ! » Ça ne me plaisait pas du tout, du tout. Je rêvais que j’étais un vrai, vrai magicien, et que je le transformais en carotte pour le bouffer. J’aurais sorti ma super, super formule magique : « Sarlipopette de sarlipopette, nom d’un caniche pouêt pouêt ! » 
Un jour une dame avec un grand, très grand nez, appelée Catherine, est venue me chercher dans sa voiture de course. Elle a donné un billet au papa et voooooooom ! Nous sommes partis. Dans la voiture de course, elle m’a parlé d’un autre papa, Armand, et des enfants, Alban et Arnaud. Elle m’a expliqué que c’était facile, très facile de reconnaître les deux garçons : Alban avait un petit grain de beauté sous l’œil gauche. Pour Arnaud, elle ne m’a pas dit où il était, le grain de beauté… Je me suis dit : « Pourvu qu’il ne soit pas sur les fesses ! » Elle m’a dit que j’étais le cadeau d’anniversaire d’Arnaud, que la famille habitait dans une maison et allait bien s’occuper de moi. 
Quand je suis arrivé dans cette maison, à Valise, euh non, Valence, il n’y avait pas de papa, pas de garçon, pas de grain de beauté. Il n’y avait rien que cette dame, qui venait me regarder et me parler de temps en temps avec un grand, très grand sourire. Moi, j’étais plutôt furieux, très furieux… Apparemment, elle m’avait raconté des salades. Et si j’étais, moi, SON cadeau d’anniversaire à elle, si en fait elle habitait toute seule ?… Alors moi j’allais m’ennuyer comme un rat mort… 
J’étais encore là, deux jours plus tard, au fond de ma cage, à ronger mon foin… Catherine, qui marchait depuis une heure dans tous les sens, entendit comme moi un DING-DONG et descendit les escaliers vite, très vite, pour aller ouvrir la porte. Et c’est là que je les vis, mes deux avec et sans grain de beauté. Il y avait un deuxième avec grain de beauté, mais plus grand, et ça, je me suis dit : « Ça doit être Armand. » Lui, il n’était pas surpris de me voir, il avait les yeux qui brillaient avec un grand sourire en dessous. Mais les deux avec - sans grain de beauté, on aurait dit qu’ils voyaient une vache pour la première fois, ou un dinosaure perché sur une botte de foin, ou un canard astronaute. Moi je me disais : « Ben quoi, ils n’ont jamais vu un lapin de leur vie ou quoi ? ». La bouche grande ouverte qui ne disait rien, les yeux écarquillés, les pieds qui n’avançaient plus… 
J’ai arrêté de manger mon foin pendant à peu près une minute trente. Et là je me suis dit « Roger, c’est le moment d’analyser la situation et vite ! Ok, à vue de nez, ils ont huit ans ou presque. Ils sont encore sous le choc, mais c’est clair qu’ils vont me prendre pour un jouet. » Là, j’ai jeté un regard vers les deux parents : « Ok, il va falloir assurer, les gars ! » c’est ce que je leur ai dit par le biais de mes moustaches à télétransmission. « Revenons aux enfants, ils ont une tête à aimer les kapla® et les lego®… Je dois pouvoir me les mettre dans la poche… Voyons, si je me laisse un peu caresser, si je reste sans broncher une à deux minutes sur leurs genoux, si je fais de temps en temps le clown dans le salon… Il y a peut-être moyen qu’ils me fabriquent avec des kapla® une maison ou un tunnel, avec des lego®, une machine à planter des carottes, un robot distributeur de carottes, un bateau-avion transporteur de carottes… Si ça tourne mal, j’ai mes yeux rouges en guise de pistolet-laser... Au pire des cas, je pourrai toujours sortir mon arme de destruction massive… Je les mordrai un peu pour leur montrer que je suis un mec. Non mais.


L'histoire de ce texte ?
Le 22 mars avait lieu le premier atelier à distance pour cause de confinement, substitut à l'atelier qui aurait dû avoir lieu à Valence avec les adhérents d’EFA 26-07. Deux jeunes garçons et leur maman ont inventé cette jolie histoire qu’ils ont souhaité partager... 

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