En arrivant à Ono, on était frappé par son absence d'angles droits. Toutes ses lignes étaient courbes. La ville semblait se fondre dans une seule et même masse, avoir été modelée par une main bienveillante. On se serait cru habiter les organes d'un géant.
Pas de limite nette et visible entre ses façades, ses trottoirs, ses bancs. Les arrondis prolongeaient les formes des uns dans les autres, et inversement. Comment délimiter sans angle droit?
Les couleurs, parfois, évoquaient quelques frontières entre les cocons, qui servaient tantôt de logement, tantôt de boutiques, tantôt d'institutions. Mais le plus souvent, ces couleurs ne correspondaient à aucune délimitation fonctionnelle. Elles étaient purement et simplement le fruit de la fantaisie de leurs résidents, et ceux-ci déménageaient tous les ans.
Aucun véhicule ne parcourait ses artères. La ville avait été façonnée pour les piétons et resterait une ville de marcheurs. Les deux roues, trois roues, quatre et cinq roues restaient parqués à l'extérieur et servaient uniquement à voyager hors d'Ono.
Les cocons étaient d'aspect lisse et semblaient couler jusqu'à se fondre en voies piétonnes, sans limite franche. Pour cela, ses habitants devaient porter sans exception des semelles antidérapantes, car les chaussées étaient glissantes.
Il faut du temps avant de s'habituer aux rondeurs d'Ono.
Cadiz Simon
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