Je ne sais pas encore quel sentier je prendrai pour aller à Ephémères, celui des galets, où je sauterai de l’un à l’autre sur la pointe des pieds. Ou bien celui des sables chauds où je m’enfoncerai jusqu’aux chevilles.
A moins que j’y aille d’arbre en arbre ou que je sorte le parapente.
En parapente, ce serait pas mal. Je me laisserai pousser par le vent, je choisirai ou pas de me poser quelque part.
Je partirai une nuit sans lune ni étoiles. Je ne verrai rien de la ville invisible.
Mais je sentirai, j’entendrai, je frôlerai, j’aurai peur surement, je rêverai. Et je rirai, encore et encore.
Je sentirai les épices d’ici et d’ailleurs, les parfums des fleurs, des humains, des tabacs, le fumet des rôts tournant devant un feu et je dessinerai, délicatement, dans l’invisible, un jardin des plantes, puis j’esquisserai, peut-être un pot de basilic.
J’entendrai le clapotis des vagues, le grondement des tonnerres, le bruissement des herbes, les concerts d’un quatuor à cordes, et je dessinerai, délicatement, dans l’invisible, une scène acoustique en plein air, puis j’esquisserai, peut-être des marionnettes à fil.
Je frôlerai les oiseaux, les vents, tous les vents, les ballons perdus, les météorites, et je dessinerai, délicatement, dans l’invisible, un filet sans maille, puis j’esquisserai, peut-être des étoiles filantes.
J’aurai peur surement, du noir, du bruit, du souffle de l’air, de tomber, de me perdre, et je dessinerai, délicatement, dans l’invisible, les bras retrouvés de la Vénus de Milo, puis j’esquisserai, peut-être une échelle de meunier.
Je rêverai d’une ville griffonnée sur du papier à musique, cirque à ciel ouvert, habité de clowns blancs et d’Augustes, poètes, drôles, et moqueurs qui dessineraient, délicatement, dans l’invisible nos faces cachées. Et je rirai encore et encore, en lisant, à peine esquissé sur une pancarte: «parfois, tu ne sais plus où tu habites».
Anne
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