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Théodule Ribot - La tireuse de cartes |
—Je vois un homme, dit la bougresse. Un homme qui peint. Des portraits.
La jouvencelle frissonne. Elle pense à Théodule Ribot. C’est sûr, il l’aime…
Je n’en perds pas une miette. Cela m’intrigue encore ce manège de souris prise au piège. L’intéressée est tout ouïe, tous yeux. Sa menotte repose confiante dans celle toute ridée de la diseuse de bonne aventure.
Ce que j’ai envie de m’étirer ! Je décide de rester. J’aime suivre tout le stratagème. Vérité. Futur. Tu parles, ce ne sont que des mots. Et la jeune femme sourit. Palpite. J’aimerais tant lui effleurer le bras. La toucher juste pour la réveiller. Mais réveille-toi donc Mistinguett ! Tu ne t’aperçois pas que tout ce que te raconte la menteuse n’est que songerie. Ta vie va ressembler à une partie de plaisir ? Quelle équivoque ! Je suis aussi tout ouïe. J’aime m’asseoir là, au soleil. Je la connais par cœur. Elle observe, elle dissèque, elle repère une personne un peu songeuse, un peu dans les nuages. Jeune de préférence. Ce sont les plus demandeuses. Tout leur avenir est à dessiner. Un petit coup du destin fait du bien. Et que la fortune te guette ! Et que la vie te sourie ! Et que l’amour frappe à ta fenêtre ! Et que la jeunette s’épanouisse. Qu’importe si, en rentrant chez elle, sa mère impotente l’interpelle et la secoue. Elle aura eu du bon temps. Et blablabli et blablabla… J’en ai trop entendu. Basta !
J’aime autant chasser les souris.
Ghislaine Deltombe de Feraudy
texte rédigé dans le cadre du stage Art et écriture organisé à Colombes en mars 2019
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