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vendredi 21 janvier 2011

Ma toute douce

Ma toute douce,


Ne te retourne pas en lisant cette lettre. Laisse ta tête délicatement penchée au bout de ton cou si gracieux. Ma belle, je vois ton geste, je le connais par cœur, je l’ai vu mille fois, je vois ce mouvement de main vers tes cheveux noirs, tes longs cheveux noirs que je vénère tant. Ma beauté.
Ne te retourne pas, je suis derrière toi, à côté de la porte, et j’ai posé cette lettre sur la petite table de notre chambre pour te voir encore et encore à contre-jour. Même ta silhouette est parfumée de douceur et de délicatesse. Tu lis vite, et ta respiration se fait moins lente. Tu n’imaginais peut-être pas que j’oserai écrire. T’écrire. Tu m’as maintes fois répété, ma douce, que mon orthographe était mon point faible. Je te l’accorde.

Mais ne te retourne pas, s’il te plait et continue à lire, va jusqu’au bout de ton étonnement. Accepte pour une fois de ne pas toujours guider ma vie, ni même mes pensées. Je t’aime tellement, comment aurais-je pu refuser de ne pas être tout à toi corps et âme?
Je vois tes doigts, tes longs doigts fins qui tiennent ce papier. Tes doigts que j’embrasse un par un pour m’en repaître. Je les vois soudain s’émouvoir de ce courrier, se raidir et s’oppresser sur la feuille.
Comprends-tu?
Vous étiez tous les deux si plein de vous le long de la fenêtre, en ombres chinoises, exactement là où tu te tiens, que vous ne m’avez pas vu, ni même entendu arriver. Et tu étais si belle, ma beauté, mon amour, et si heureuse, que je n’ai pas osé vous déranger.
Ne te retourne pas, il est trop tard. Je vais venir une dernière fois derrière toi et je m’emplirai de ton odeur.
Ne te retourne pas, je t‘en conjure. Ne bouge plus. Je ne voudrais pas que la lame te fasse mal en pénétrant ton corps.
Comprends-tu?
Je t’aime.

Catherine Poirson-Chevalier,  janvier 2010

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