Attention, droits réservés

Creative Commons License
Les textes des Ateliers Ecritures Colombines mis à disposition sur ce blog par Nadine Fontaine sont régis par les termes de la licence Creative Commons. Leur citation n'est permise qu'assortie du lien indiquant leur origine et ne peut donner lieu à usage commercial sans accord avec les auteurs.

lundi 8 mars 2010

Mère Courage

Mère Courage sort de l’immense bâtiment qui l’a accueillie régulièrement pendant 6 longs mois et se dirige vers la file de taxis en attente. Le foulard sur la tête, la pâleur, la démarche hésitante font tout de suite penser au chauffeur de taxi qui la prend en charge que cette jeune femme est une habituée des lieux. Elle articule d’une voix fatiguée le nom d’une gare parisienne car elle n’a pas la force de prendre le RER qui pourrait la mener directement prendre son train vers la Province. Puis elle se cale le plus confortablement possible au fond du fauteuil et ferme les yeux au ruban de véhicules se dirigeant vers la grande ville, ferme ses oreilles à la radio allumée dans l’habitacle.

Elle sort du taxi avec son petit sac rempli d’un livre d’Ella Maillart, d’un petit carnet qui ne la quitte jamais et de son portefeuille et monte par l’escalator s’acheter une bouteille d’eau pour le voyage rendu en général pénible par la fatigue et la nausée qui gagne. Mais cette fois-ci, c’est la dernière, elle a gagné son combat, elle s’en est sortie et elle n’est pas peu fière d’elle. La tempête qui l’assiège depuis presque un an s’est apaisée. Elle va pouvoir reprendre une vie normale, regarder de nouveau vers l’avenir sereinement et profiter de chaque moment avec ses petits… et pourquoi pas envisager d’accueillir un autre petit dans sa drôle de famille blanc-chocolat-sans-papa.

Elle a trouvé sa place, côté fenêtre, moins pratique pour aller aux toilettes mais elle s’en contentera, plus rien n’a d’importance que la petite fête qu’elle va célébrer avec les siens dans quelques jours, une fois que la dernière vague sera passée, qu’elle pourra se lever de son lit sans tanguer et que le bateau sera à quai pour 6 mois, date à laquelle elle repassera dire bonjour au grand paquebot blanc en bordure de l’autoroute. Un an de pause dans une vie tournée vers le bonheur de ses poussins mais un an pendant lequel elle en a appris davantage sur elle-même et sur «l’amour qui peut déplacer des montagnes» que tout le reste de sa vie. Un an riche de larmes, de peurs, de combat mais au final la Victoire contre cet adversaire indélicat qui avait élu domicile en son sein.

Mère Courage s’endort, le sourire aux lèvres…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous avez aimé ce texte ?
Dites-le !