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vendredi 21 janvier 2011

J'ai six ans

J’ai 6 ans. Je viens de prendre l’avion pour la première fois. Enfin, ce n’est pas la vraie première fois, mais c’est de cette première fois que je me souviendrai toute ma vie. Nous avons quitté Plaisance ce matin tôt, dans le froid de l’hiver, après notre dernier Noël blanc. Un premier avion tout petit nous a transportés de Grenoble à Paris. Puis, dans l’après-midi, un gros avion, un Boing 747 aux couleurs d’Air Gabon s’est envolé vers Libreville. C’est merveilleux, 8 heures d’avion, quand on n’a que 6 ans… Les hôtesses de l’air sont là pour nous apporter des jouets. Le pilote nous invite dans le cockpit. Notre maman est là, assise et disponible pour nous. Un film passe sur le grand écran, mais je ne sais plus duquel il s’agit.

En arrivant, dans la nuit noire, dès que les portes s’ouvrent, on sent la chaleur envahir l’habitacle. Les passagers descendent dans le vacarme du moteur. C’est un tout petit escalier mobile qui nous permet de descendre de l’avion. Dès que l’on franchit le seuil, une moiteur toute particulière nous enveloppe. L’humidité et la chaleur me coupent le souffle. C’est comme si j’avais attendu longtemps pour découvrir cette sensation qui enveloppe tout le corps et brouille un peu l’esprit. Je me sens de plus en plus légère et pourtant mes pieds sont comme aspirés par la pesanteur. Je porte ma petite valise, pleine de mes souvenirs et de mon enfance. Ici, tous les sons sont nouveaux, les odeurs sont étranges, la température est inqualifiable… je ne sais pas s’il fait trop chaud ou s’il faisait trop froid avant.
Mon père nous attend, on voit ses bras s’agiter de l’autre côté de la vitre et malgré la fatigue et la chaleur, je cours… Me voilà chez moi, dans ce pays que je ne connais pas.

J’aurai 6 ans dans une semaine. Cet après-midi, je vais prendre l’avion pour la première fois. Enfin, ce n’est pas la première fois, mais c’est la première qui compte pour de vrai. Je découvre l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. C’est grand. Je peux courir partout car c’est maman qui porte mes valises. Je vois des gens de toutes les couleurs, j’entends des langues de partout. Je ne comprends pas tout. L’avion a du retard, il paraît qu’il y a eu une alerte à la bombe à Londres et, depuis le 11 septembre, c’est un peu l’hystérie… les gens ont peur. Enfin, au bout de 3 heures d’attente, on nous fait monter dans un très gros avion, un Airbus A320. Je suis assise contre le hublot. Maman m’attache. Je découvre tous les gadgets autour de moi. L’avion décolle et je fais un petit signe de la main vers les lumières de Paris. Quand tout a disparu, je découvre la télé, les jeux et l’hôtesse de l’air m’apporte des crayons de couleur, une trousse bleue et un album de coloriage. C’est super! En plus, Maman est disponible. Elle est assise à côté de moi et n’a rien d’autre à faire que de s’occuper de moi. C’est long aussi, 6 heures d’avion, mais bon. Je dors un peu…
Au bout d’un moment, Maman m’embrasse et elle me dit que l’on arrive. L’avion vient d’atterrir. Les hôtesses de l’air vaporisent un truc qui sent bon. Il paraît que c’est contre les moustiques. Puis, on ouvre les portes. Aussitôt, il fait très chaud, et je n’aime pas trop. Je tiens fort la main de Maman pendant que je descends les marches du tout petit escalier. En bas, un car nous attend et nous conduit jusqu’au terminal. Je suis très impatiente. Le moteur de l’avion fait trop de bruit pour que je puisse parler. Je suis envahie par la moiteur et par la chaleur. J’ai un peu la tête qui tourne. Tout ici me surprend: les odeurs, les bruits, la langue parlée… Maman fait un signe à un homme qui nous attend, je ne le connais pas, ou peut être que si… son visage me dit quelque chose, mais quoi? Il est accompagné par une belle jeune femme qui elle aussi nous fait de grands signes. Je suis perdue. Pourtant, je me sens arrivée. Je sais que c’est ici que je suis née, je sais que c’est ici que je vais rencontrer ma petite sœur. 


FAA

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